27.9.06

Dans la série Parano

Dix choses que l'on dit de moi :

- Il est gentil
- Il est bien gentil
(une amie de ma femme a confié à une autre amie qui l'a repété : il est gentil, hein, mais il est un peu niais non ?. J'adoooooore.)
- Il n'est pas très affirmé
- Il sait plein de choses
(j'ai une bonne culture générale, et on me pose souvent des questions pour cela. Mais je ne connais aucun sujet à fond, c'est bien dommage)
- Il est un peu empoté
(la mécanique, le bricolage, c'est pas mon fort, désolé)
- Il est beau
(mais bizarrement, c'est le plus souvent les grands-mères qui me disent ça, allez savoir pourquoi)
- C'est qui ce type dans le coin là , celui qui dit rien?
(là c'est quand je suis dans une réception...)
- Il est toujours de bonne humeur
(l'art de bien dissumuler mon cher...)
- Il est désordonné
(au travail, chez moi. Mais on me le reproche souvent au travail. Mon bureau, mes placards sont une vision d'horreur pour mes collègues)
- Il a pas de conversation
(pas trop à l'oral non. Mais vous, ici, vous pourrez toujours dire le contraire)

I think i'm paranoid

J'aimerai bien arriver à ne plus me préocupper de ce qu'on peut penser de moi, mais je n'y arrive pas. C'est chiant, c'est dingue, mais c'est épuisant.
Enfin, c'est surtout au travail. Je l'ai déjà écrit pas mal de fois, mais rien à faire, c'est toujours au même point.

Je note un regard entre deux personnes quand je dis quelque chose, je remarque une façon de réagir un peu particulière à ce que je viens de dire, les conversations se taisent quand j'arrive dans la pièce, ma collègue me fait un drôle de sourire quand je lui raconte un problème que j'ai eu....
Merde à la fin, j'aimerai bien arrêter de tout décortiquer comme ça, juste parce qu'il faut toujours que je sache si quelqu'un pense du mal de moi ou pas.
Paranoïa vous croyez ? Bah je crois pas à ce point, je ne m'invente pas d'histoires, mais j'ai toujours peur d'avoir fait quelque chose de mal, d'avoir froisser quelqu'un, de ne pas avoir accompli mon travail comme il fallait.
En gros, j'ai toujours peur qu'on ne m'apprécie plus. Qu'on ne m'aime plus, quoi, pour en revenir au principal.
Aux vraies peurs. Celles qui remontent à l'enfance probablement.
Ouais, probablement parce qu'un imbécile de père est parti du jour au lendemain, sans se préocupper de moi, me faisant croire que, oui, on pouvait comme ça ne plus m'aimer, d'un coup, sans raison.
Alors elle vient de là cette peur, j'en suis certain.

Mais merde, c'est lourd à porter le passé quelques fois.
Parce que c'est sur qu'on a du mal à avancer si on a toujours l'oeil fixé au rétroviseur.

23.9.06

Un espoir

L'important, c'est de garder l'espoir.
Nager. Encore un peu plus. Encore cinq minutes de plus.
Parce que peut être qu'après la prochaine vague, après le prochain rouleau, peut être l'espoir d'une côte, d'une ile ou de n'importe quel bout de radeau.
Tenir. Encore. Tenir encore un petit peu. Pour vivre encore un petit peu.

J'ai l'impression d'être quelque fois ce naufragé perdu au milieu de tout avec comme seul boussole et comme seul force, l'Espoir.
L'espoir qu'il y aura quelque chose après, l'espoir que tout n'est pas completement perdu.
Je nage, je nage encore, j'essaie de garder la tête hors des vagues, j'essaie de respirer encore, mais c'est comme si au bout d'un moment, on sentait le froid qui engourdissait les membres.
Le froid, la fatigue, la lassitude qui vous souffle à l'oreille les perniceuses phrases "abadonne", "allons, il n'y a plus d'espoir maintenant", "laisse toi allez".
Mais lutter, encore lutter contre ces petites voix qui veulent vous voir sombrer.

S'en tenir à l'espoir que malgré la tempête, malgré les rouleaux, malgré toute cette eau acre et salée qui vous rentre dans le nez et la bouche, vous empêche de respirer, vous suffoque, s'en tenir à l'idée folle que non, rien n'est perdu.
Encore une minute, une petite minute, tenir.

Parce que je sais que si je lâche prise, je ne remonterai pas de ce fond qui m'attire. Parce qu'au fond rodent d'étranges créatures et de noirs souvenirs. Toutes ces choses refoulées, mises de côtés, faussement oubliées qui n'attendent qu'une faiblesse pour vous happer.
Alors, tenir. Encore un peu.

Parce que le jour arrive. Parce que malgré les douleurs, malgré les muscles endoloris, parce que malgré tout, je suis vivant.
Parce que finalement, rien ne sert de se demander "pourquoi". Pourquoi nager encore, pourquoi vouloir tenir encore à tout prix. Se demander "pourquoi", c'est aussi trouver des raisons pour tout lâcher. Alors ne pas se questionner, mais avancer.
Un instant de plus, rien qu'un souffle de plus est une victoire.

Quelque fois je me sens comme un naufragé perdu au milieu de l'océan.
Mais je tiens bon.
Parce que la côte que je cherche à atteindre est dans ma tête. Là, exactement ici. Parce que cet Eldorado est fait de tous mes espoirs réunis, les plus fous comme les plus sérieux.
La côte que je voudrais atteindre est tout près, mais si loin. Tellement loin de moi.

Et pendant ce temps, les voix sous marines du passé me tirent par le pied et me font suffoquer encore.

Mais je tiendrais.
Encore un instant, un souffle, un espoir.

19.9.06

Alzheimer

Mon beau frère nous appelle hier pour donner quelques nouvelles.
Son père débute un Alzheimer. On sait tous ce que ça veut dire en terme d'évolution et les années qui viennent ne sont pas réjouissantes. Il explique qu'il va falloir d'ici quelques temps songer à le placer et que ça ne va pas être aisé financièrement parlant car son père n'est pas bien riche. Ce sont donc les enfants qui devront probablement financer tout cela.

Et là, je me dis : et moi ?
Que se passe-t-il dans quelques années si mon père devient sénile ? Est ce qu'il faudra que je raque aussi ?
Mon père s'est cassé à mes 7 ans, nous a accordé le "minimum syndical" du droit de visite (tenons nous en à ce qu'a dit le juge, pas plus hein).
Visite le dimanche de 11h à 17h. La plupart du temps planté devant la tv jusque 15 h.
Pension alimentaire souvent oubliée (très simple à gérer lorsque ma mère était femme de ménage avec une paye minable).
Pension qui m'est revenue quand j'étais étudiant, car majeur. Avec quoi je devais payer mes frais de scolarité, mes dépenses d'étudiant. Et que mon père "oubliait" aussi quelques fois....Qu'il fallait réclamer.

Très bons souvenirs, tiens.
Je me vois bien, dans cinq ans, avec un papier d'une maison de retraite me disant que je dois financer la chambre de mon père.
Ce n'est même pas pour l'argent, mais pour le fait de payer pour lui quoi que ce soit que j'enrage.
Je n'avais jamais vu les choses sous cet angle, décidemment.
Et si un jour, c'est moi qui devait m'occuper d'un père qui ne s'est jamais véritablement occupé de moi...

Fight the fear

In the mood (à l'écoute pendant que j'écris) :
Garbage- Happy Home
(cf le radioblog)
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La solitude est une belle saloperie qui vous prend au ventre et vous tord les tripes.
Mais plutôt que de solitude, peut être que je devrais parler de sentiment de solitude. De l'impression étrange d'être seul au milieu des autres, de cet effet souvent vu dans les films où la foule passe autour du héros au ralenti sans le voir.
Ce n'est pas que je sois seul, disons que le problème est plutôt que je suis solitaire.
Et ce n'est pas tellement non plus que je veuille être solitaire réellement à tout prix, mais c'est plutôt que je ne sais pas faire autre chose.
Je suis celui qui reste à coté du buffet dans les réceptions parce qu'il n'a pas réussi à trouver un groupe auquel s'intégrer.
Je suis celui qui sourit à chaque phrase autour de la table et qui opine du chef parce qu'il ne trouve rien d'intéressant à dire.
Je suis celui qui trouve un pretexte, un détour pour ne pas me retrouver face à la personne à laquelle je ne sais pas quoi dire.

Alors oui, la solitude est une belle saloperie parce que je ne l'ai pas choisie mais que je la subis. Parce qu'elle s'entend bien avec sa meilleure amie la peur, celle qui était là au coin du buffet à vous dire de ne pas avancer, celle qui vous soufflait à l'oreille à table que vous n'avez rien à dire, celle qui vous fait changer de trottoir. La même qui vous fait sentir seul.
SI la solitude est une belle saloperie, au moins on se révolte contre elle. Tandis que la peur, elle, est plus insidieuse, elle ne vous pas prend de front.
C'est qu'elle vous connait bien la peur, elle sait quel mot, quelle phrase, quel souvenir, quelle angoisse utiliser pour obtenir ce qu'elle veut. La peur elle fait partie vous. Et si vous n'y prenez pas garde, vous ne la reconnaissez même pas. La peur est là depuis si longtemps que vous ne savez plus si elle ou vous qui parle.
Ca ne vous choque plus de changer de trottoir pour éviter la mère du copain de votre fils. Ca ne vous questionne pas de trainer autour des petits fours au lieu de demander comment ça va aux gens autour de vous.
Sauf qu'une fois rentré chez vous, une fois devant votre ordinateur, une fois qu'il faut faire le constat de soi même devant son blog ouvert, on se dit que la peur a conduit pas mal de choses encore ces derniers jours.

Je me sens seul. Souvent. Parce que je ne sais pas être tout à fait comme les autres. Parce que j'ai l'impression de ne pas prendre autant de plaisir qu'eux pour l'instant présent.
Et se sentir seul au milieu des autres c'est encore pire que d'être seul chez soi. Parce que le regard des autres vous renvoie à vos propres incapacités.

Si j'avais moins peur, je serai moins seul.
Si j'étais moins seul, j'aurai moins peur.
Je ne sais pas dans quel sens prendre le problème.
Mais je sais que derrière la peur, il y a moi. Qui se cache.
Et que s'il n'y avait plus la peur, je serai libre.
Je serai moi.

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Je ne connaîtrai pas la peur, car la peur tue l'esprit.
La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale.
J'affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon oeil intérieur sur mon chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.
Rituel Bene Gesserit - F.Herbert - Dune

14.9.06

Labsus libérateur

J'avais déjà raconté comment, il y a quelques années, une de mes collègues, partie en retraite depuis, m'a pourri la vie.
Par des critiques incessantes et insidieuses.

Par beaucoup de choses dites derrière moi dont je n'ai mesuré l'étendue que récemment, longtemps après son départ : en résumé, beaucoup voyaient en moi un fainéant, juste sur la base de ses rumeurs anciennes, sans avoir songé une fois à vérifier véritablement mon travail....

Surtout, par son coté mielleux et faux, elle s'est attiré les sympathies de pas mal de gens bien placés chez nous ce qui fait qu'elle était incritiquable. Je subissais, mais comme c'était des choses insidieuses, des bruits, et comme les "chefs" l'aimaient bien, je ne pouvais rien dire.

Pendant des années j'ai rongé mon frein, allant même souvent à me dire que j'étais nul, pas fait pour ce métier, reprenant à mon compte les critiques qu'elle distillait...

Bref, son départ a été libérateur pour moi ! Et surtout, les gens ont commencé à voir mon vrai travail, sans les rumeurs autour, et l'ambiance est nettement meilleure.

Hier, cette ancienne collègue donc appelle une autre collègue, amie à moi, qui la déteste cordialement tout autant que moi.
La collègue a la retraite lui demande "Alors depuis que je suis partie, ça va, vous vous débrouillez ? Comment est l'ambiance ?".
Et ma collègue de répondre "L'ambiance, ah c'est vraiment meilleur...Enfin...Je...Je veux dire Bien..."

Labsus. Bingo. Elle lui a dit "c'est meilleur". Elle l'a vraiment pas fait exprès, mais après ça l'a bien fait rigolé et moi aussi.
Et je suis content de voir que je ne suis pas le seul à avoir tout de même vu que ce n'était pas la super-gentille-copine-de-tout-le-monde comme elle jouait à le faire croire.
Ouf. Finalement, je ne suis pas parano alors.

Et pis ce labsus, ben même que c'est bien fait pour sa tronche.
Et paf.

13.9.06

Ces mots

Les mots, ceux qui tournent dans la tête, ceux qui me parlent sans cesse, ceux que je veux dire, ceux qui se bloquent.
Les mots, ceux que je retiens, ceux que je dis sans les dire, ceux qui ne viennent pas, ceux qui ne trouvent pas le chemin.
Les mots perdus, les mots qui ont peurs, ceux qui aimeraient mais qui n'arrivent pas.
Tous ces mots que je ne dis pas, tous ces mots pourtant auxquels je pense, toutes ces phrases qui se disent et qui s'écrivent en moi et restent à jamais muettes.
Ces mots que j'oublie de dire.
Ces mots qui me paralysent.

Ces mots en moi qui hurlent à force d'être tus.
J'ai la tête qui fait mal de tout ce qui se dit et de tout ce que je ne te dis pas.

Ces mots, les miens, ceux que tu aimerais entendre.



6.9.06

Nostalgie de septembre



Rentrée des classes pour les enfants.

Je me souviens de l'école en ces temps de septembre. Beaucoup de souvenirs de primaire.
Bizarre d'ailleurs que je me souvienne aussi peu de la maternelle : quelques souvenirs flous, sans savoir s'il faut les rattacher à la maternelle ou au CP :souvenir qu'on me dit que "le pere Noël c'est les parents", souvenir d'une instit qui m'explique la terre et le soleil avec deux oranges, souvenirs que j'oublie de rentrer en classe car trop absorbé dans le bac à sable et la maîtresse vient me chercher, souvenir que je n'arrive pas à tracer une ligne de
lettres....
Les souvenirs des mes premieres années d'écoles sont très flous, très décousus.
Mais en même temps, c'est l'époque où mes parents ont beaucoup déménagé (5 fois jusqu'à mes sept ans si je compte bien, en plus du divorce et des changements liés à ça). C'est sûrement pour cela que tout est morcellé.

En tout cas, pour les premiers souvenirs "précis" de l'école, c'est
la primaire lorsque j'habite avec ma mère.
J'adorais l'école, j'avais vraiment soif d'apprendre, je lisais à la maison, j'adorais ça, je faisais sérieusement mes devoirs, j'écoutais en classe, je répondais... Le type même du premier de la classe. Enfin, la prétention en moins parce que j'étais un peu inhibé, fragile, bousculé par les autres. Même s'il y eu de belles amitiés, je me faisais souvent harcelé, je ne savais pas répliquer, je ne  savais pas me défendre (l'absence d'un père, c'est pas
évident pour se forger un modèle).
Sinon, les instits m'aimaient bien, parce que j'étais dans un quartier
"difficile" (difficultés financières obligent), et que dans le lot de
gamins qui n'avaient pas envie de bosser, je devais dénoter.
Donc j'étais honteusement et très souvent le chouchou. C'est bizarre comme ce n'était pas flagrant pour moi à l'époque, mais avec le recul c'était évident.

En tout cas, ca m'a bien aidé. L'envie d'apprendre était là et la primaire a été pour moi l'occasion à chaque trimestre d'essayer d'être le premier. Et grandes déceptions quand je n'y arrivais pas !

Après, le collège et le lycée furent des souvenirs plus pénibles, car la soif d'apprendre avait disparus, l'adolescence pas facile vivre. Sans gros problème majeur, mais avec un mal être traînant, lancinant, mais complètement occulté par les adultes.
Et non-dit par moi aussi.
J'aurai pu/du en parler à l'époque, je pense que ça m'aurait
 libéré et évité quelques années supplémentaires de galères.. Mais bon, les choses sont comme elles sont.

Ce mal-être fut sans doute perceptible par contre par les autres de mon âge, car c'est souvent que je fus la victime de bande de "petits cons", qui me prenaient pour cible, dans la classe ou dans la cour.
Ca, c'est la chance, après l'école dans un quartier difficile, de continuer dans la même ligne droite avec un collège "sensible".... Ma mère aurait eu plus d'argent, j'aurai pu sûrement avoir de meilleurs conditions d'études. Mais là, je devais me friter les quolibets et bousculades au quotidien. Une forme de harcelement quand j’y repense…
Je pense que j'avais envie de bosser et les capacités, mais
quoi qu'il en soit, de premier de la classe, je descendis dans la
moyenne-très-moyenne, du collège jusqu'à la terminale....
Ce n'est qu'ensuite que, le moral allant sans doute mieux, je me remis à bien travailler....

Enfin, quoiqu'il en soit, mon souvenir de la primaire reste bon. Rempli d'odeur de colle Cléopatre, de l'odeur aussi des polycopiés frais sorti de la polycopieuse à alcool. De la sensation de craie sur les mains. Du souvenir des cahier de composition.

Comme quoi, les bon souvenirs, avec le temps, arrivent à occulter les plus mauvais.