27.9.05

Ce qui ne nous tue pas...

47221382 6B67F45363 O



Le plus dur semble passé. Enfin je croise les doigts. J'arrête le rythme de dingue entre enfants, boulot, hosto, inquiétude et stress.
J'ai enfin l'aide tant attendue. Je peux enfin aller bosser à heures normales. Tout le monde peut se poser un peu à la maison et reprendre un rythme un peu près normal.
Je suis épuisé... Plutôt nerveusement que physiquement. Mais difficile de devoir toujours faire face. Heureusement que les choses se tassent doucement.

Bizarrement, reprendre le travail après le stress et le rythme de fou de ces quinze derniers jours me semble presque facile. Pourtant je ne chôme pas, mais le rythme standard m'apparaît maintenant tellement reposant à côté de ce que j'ai vécu. Comme quoi on peut tout relativiser. Surtout, je me dis que lorsqu'on affronte dans sa vie des problèmes, plus ou moins grave, on en ressort finalement plus fort. On a appris quelque chose. On relativise d'avantage.
Je crois très fort que celui qui n'a jamais rien affronté et a toujours vécu une petite vie tranquille ne saura pas affronter les aléas qui peuvent se présenter.
Je ne prétend pas avoir eu une vie à la Zola, mais quand même, je m'aperçois que les choses pour lesquelles on pouvaient s'inquiéter deviennent tellement infimes quand on vécu pire auparavant.
Je comprends le peu de soutien que j'ai reçu, surtout dans mon travail, le manque de compréhension de mes collègues quant à mon rythme de fou de ces deux semaines : elles n'ont pas d'enfant, pas pour certaine de vie de couple. Qu'elles à gérer. Comment se représenter les galères que j'ai traversé ? Comment se mettre à la place de l'autre ?

Oui, alors peut être, peut être que je ressors un peu plus fort de tout cela. Fatigué mais grandi. Mais je n'ai pas envie d'apprendre comme ça tout le temps, non.
C'est trop fatigant et je ne tiendrai pas.

19.9.05

Absence

44795853 5Fa68Acf9B M


Emu par cette phrase lue par hasard

L'absence est à l'amour ce qu'est au feu le vent; - Il éteint le petit, il allume le grand.
Roger de Rabutin, comte de Bussy, dit

17.9.05

Chocolats Day

44044659 Bca99Ac007 O





La vie c'est comme une boîte de chocolats, disait Forrest Gump. Et les preuves d'amitié, c'est pareil : on ne sait jamais sur quoi on va tomber.
Certains m'ont déçu, mais beaucoup. Ceux que je pensais être les amis les plus proches n'ont pas apporté d'aide. Ceux que j'aurai beaucoup plus qualifiés de relations que d'amis se sont montrés plus empressés. Etrange. Je ne sais plus qui a dit que c'était dans le besoin qu'on reconnaissait ses amis, mais cet adage se vérifié intensément cette semaine. Certains "amis" n'ont même pas répondu aux mails d'infos que j'avais envoyés (à tout mon carnet d'adresse). Etrange silence que je ne comprends pas... J'aimerai bien d'ailleurs me débarrasser de cette colère, car vraiment, elle ne me sert à rien, m'épuise, alors que mes forces devraient être ailleurs.

Peut être ai-je découvert un paradoxe qu'il conviendrait de vérifier et qui s'énoncerait comme suit : "Plus tes amis sont proches et moins ils t'aideront quand tu en auras besoin". Ou devrais-je dire "plus ils te semblent proches"

Cet adage s'est pourtant vérifié jusqu'à l'absurde aujourd'hui. Alors que certains amis n'ont même pas pris de nouvelles, ce matin, est venu sonner à ma porte une voisine, avec qui mes relations se limitaient à "bonjour/au revoir". Elle a vu ma femme partir en ambulance. Elle vient prendre des nouvelles. Elle se propose de garder les enfants au besoin. Je suis touché. Vraiment. Parce qu'elle a toujours eu l'air d'une femme très timide. Et que là, elle vient proposer son aide, ce qui nécessite pas mal de courage. Touché parce que je ne sais même pas si je serai allé sonner chez elle si la situation était inversée. Je la remercie donc chaleureusement.

Et coup de théâtre final, c'est mon voisin qui vient sonner. Mon voisin est très gentil mais... Il est handicapé intellectuel, sa femme également. Sans être attardés complètement, ils sont tous les deux... Bien gentils. D'où le clin d'oeil à Forrest Gump de cet article. Et bien mon voisin, lui aussi, est venu sonner ce matin. Avec ses mots maladroits, ses gestes nerveux, ses rires inadaptés, il est venu demander des nouvelles. Sincèrement inquiet. Lui, le déficient intellectuel qui vient s'enquérir de ma petite famille quand des amis ne l'ont même pas fait... Je suis stupéfait. Mais touché encore une fois de ces preuves d'humanité inattendues.

Bref. Une journée surprenante. Ce soir, j'ai eu de l'aide de ma famille pour garder les enfants. Je me sens plus soutenu, ça fait du bien. Peut être que je me suis mis en colère trop vite et que les gens ne voulaient simplement pas déranger ?
J'avoue que je ne sais plus. Mais il y a des silences qui font mal. Et qui resteront gravés.

16.9.05

Fuck compassion

43812188 A20372852D M





C'est d'abord un constat tout simple et froid : depuis que ma femme est hospitalisée, personne, absolument personne n'est venu me rendre visite.
C'est vrai que ça ne pose pas de problème, non, aucun. Je bosse. Je m'occupe des enfants. Je fais des allers-retours avec l'hôpital. Il est flagrant que je n'ai besoin d'aucune aide, d'aucune sorte. Non, tiens, c'est facile.
C'est vrai que dans le post précédent, je m'étonnais de tenir. Je tiens, plutôt bien dans la galère actuelle. Mais quand même. Passé les premiers jours où l'inquiétude était tellement forte que la réaction des autres passait au soixante-douzième plan, maintenant cette absence devient trop voyante pour que je ne la remarque pas.
Je gère donc. Tout seul.
Bien sur, au téléphone, les propositions "polies" : "si jamais, vraiment , tu es embêté, n'hésite pas.". Mais bon, les mêmes ces dernières semaines n'hésitaient pas à venir chez moi passer prendre un verre ou discuter (ce qui me faisait plaisir) et bizaremment, là, ben, personne n'est venu cette semaine, c'est dingue hein.

Oui je suis en rogne. Non je ne veux pas qu'on nous prenne en pitié. On s'en sort et on surmontera cette épreuve là avec ma femme et mes enfants. Mais, oui, au fond, sans me l'avouer, j'espèrais un peu plus de compassion. Un peu plus de mots. De coups de fil. De visites. De soutien quoi tout bêtement.

Idem au travail.
Ma collègue qui pose un RTT mardi, jour où ma femme serait sortante de l'hôpital. Sachant que ma collègue et moi gérons à deux notre boulot, sachant que si elle n'est pas là tout m'est dévolu, sachant que si je suis tout seul, il est hors de question que je puisse m'absenter sans subir les foudres de mes supérieurs. Voilà. Elle le sait. Mais bon. Faux semblants. Non dits. Moi qui tente un "Au fait, tu avais prévu de prendre ton mardi ?". "Ah oui ? Mon mardi. Oui. Ben oui, j'ai prévu des choses".
Ah ouais. Ok. Moi j'ai juste besoin d'aller chercher ma femme à l'hôpital. Juste besoin d'être là à son retour à la maison parce que je pense qu'elle ne pourra pas se débrouiller seule dans un premier temps. Mais bon. Pas grave. Je gère, on disait ?

Une autre collègue aussi hier, des mots qui font mal. Même pas dit en face. Ragots toujours. Parce que j'ai choisi de ne pas m'absenter du travail pour le moment, pas prendre de congés, parce que je fonctionne par rendez vous et si je m'absente, ça fout un bordel pas possible dans le planning. Je me suis dit que je pouvais arriver à gérer travail et hôpital. Au prix d'un planning de fou, aller retour constants, mais bon, ca tient. Ok, je suis moins présent sur le lieu de travail, mais c'était ça ou l'arrêt complet.
Bref, pour moi, ça collait. Sauf qu'une collègue aurait dit "Ah ouais, il fait ça ? Mais c'est pas permis tout ça. Si il lui arrive un accident sur le trajet, c'est pas normal.". Ouais. Compassion toujours.

Et pareil, tout à l'heure, alors que je sors du service en courant récupérer mes gamins à l'école, un des supérieurs qui me dit avec un sourire "ah, tu quittes déjà ? C'est cool tout ça". Ben oui, pauvre con, je m'amuse, ça se voit pas ?


Voilà. Tout ça mélangé, on peut comprendre que l'absence d'aide se fait cruellement sentir. D'ailleurs je sais même pas si j'aurai vraiment accepté toutes les aides. Mais se savoir soutenu, ça compte. Vraiment. Les coups de fils, les visites, j'avoue que ça m'aurait aidé. Et je ne pensais même pas que ça pouvait compter autant. Tant pis. On fera sans.
Mais là, je me sens tout seul.

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

"La caractéristique principale d'un ami est sa capacité à vous décevoir."[Pierre Desproges]

15.9.05

La force du faible

43594037 245F23849C M
C'est d'abord en tête ce paradoxe : moi, qui ai peur de tout, anxieux, toujours sur le qui-vive, avec une estime de moi même dans les chaussettes, moi qui passe mon temps à avoir peur de tout et même de moi, bizarrement, je me surprends à être fort, bizarrement fort, dans les situations difficiles.
J'ai l'impression quelques fois, autour de moi, de voir de ces gens confiants en eux, sereins et qui tout à coup s'effondre à la moindre circonstance, au moindre accident de vie.
Et pour ma part, toujours aussi paradoxalement, j'ai toujours été surpris rétrospectivement de mon attitude, de ma façon de réagir aux événements graves.

L'enterrement de mes grands parents par exemple. Quelque chose que j'ai énormément appréhendé, de par toutes les émotions et aussi par ce que cela m'obligeait à y revoir mon père. Et j'ai tenu. C'est comme si tout d'un coup, je suis spectateur de ce qui m'arrive, comme si je vois tout d'en haut, comme si les événements à ce moment coulaient sur moi. Je me surprends à ne pas pleurer, à ne pas craquer, à tenir.

Ce qui me fait penser à cela, bien sur, c'est ce qui se passe chez moi en ce moment. Ma femme à l'hôpital, urgences, inquiétudes, intervention décidée très vite, inquiétude pour le bébé. A côté de cela, gérer le quotidien, les enfants, le boulot, courir, se demander tout le temps comment on va gérer la journée suivante.
Et pourtant, pourtant... Pourtant la même litanie bizarre en moi "pourquoi je ne craque pas ? ".
Pourquoi moi, que l'on pourrait qualifier de fragile finalement, arrive à tenir dans ce genre de situation où tout se complique et s'additionne ?
Peut être qu'à force d'avoir peur de tout, de douter de tout, développe-t-on une sorte de "tolérance" à l'anxiété, aux passes difficiles ? Peut être ceux qui ne doutent jamais ne sont pas préparés finalement aux événements difficiles ?
En attendant, je tiens. Je me surprends à tenir. En espérant ne pas craquer plus tard. Mais plus tard, on verra bien...

3.9.05

Merci de me laisser en vie


Y a t il un plan secret pour me tuer ? La CIA serait elle dans les lieux ? Serais-je doué d'immenses pouvoirs, secrets encore (surtout pour moi), qu'il conviendrait de tuer dans l'oeuf ?
Je suis sur qu'il se trame quelque chose. Ce n'est pas possible. Le bordel ambiant au boulot des quinze derniers jours a bien un but quand même ! On ne peut pas m'assommer de travail, me donner toute la journée des ordres contradictoires, me demander de gérer l'urgence tout en m'enguelant quand le travail courant ne peut plus être fait... Non. C'est sur. Ca fait plusieurs posts que je fais sur le même sujet, mais cette fois j'en suis sur : ce n'est pas par hasard. Quelqu'un veut ma peau.
Et c'est clair que l'épuisement professionnel est un crime parfait. Qui arrivera à trouver un coupable ? Et qui ira même en chercher un, hein ? Je vais mourir impuni, essayant désespérément dans un dernier effort de tremper mon doigt dans mon tampon encreur pour écrire sur mon bureau "travail m'a tuer".
Heureusement, vous êtes au courant. Et c'est vraiment au nom de notre amitié vieille de ...Oh...Tout ça au moins, de notre amitié donc, dis-je, que je vous charge de me venger. De laver mon honneur. De foutre le feu à ce bordel ambiant. D'empaler mon responsable sur son porte-manteau. De faire bouffer à Mme X. ses demandes urgentes. De souder le téléphone avec lequel Mme Y me harcèle à sa main avec du plomb fondu.
Amusez vous, éclatez vous. Mais vengez moi.

Quoiqu'il en soit, j'avais (ô miracle) des congés qui traînaient dans un coin de mon agenda. Je me suis appliqué à les poser la semaine prochaine car, alléluia, ma collègue est rentrée de vacances et je peux m'absenter un peu. Je sais, c'est pas sympa de la laisser dans ce merdier, mais je ne pars que quelques jours.

En tout cas, merci à vous tous. Je meurs tranquillisé.