15.9.05

La force du faible

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C'est d'abord en tête ce paradoxe : moi, qui ai peur de tout, anxieux, toujours sur le qui-vive, avec une estime de moi même dans les chaussettes, moi qui passe mon temps à avoir peur de tout et même de moi, bizarrement, je me surprends à être fort, bizarrement fort, dans les situations difficiles.
J'ai l'impression quelques fois, autour de moi, de voir de ces gens confiants en eux, sereins et qui tout à coup s'effondre à la moindre circonstance, au moindre accident de vie.
Et pour ma part, toujours aussi paradoxalement, j'ai toujours été surpris rétrospectivement de mon attitude, de ma façon de réagir aux événements graves.

L'enterrement de mes grands parents par exemple. Quelque chose que j'ai énormément appréhendé, de par toutes les émotions et aussi par ce que cela m'obligeait à y revoir mon père. Et j'ai tenu. C'est comme si tout d'un coup, je suis spectateur de ce qui m'arrive, comme si je vois tout d'en haut, comme si les événements à ce moment coulaient sur moi. Je me surprends à ne pas pleurer, à ne pas craquer, à tenir.

Ce qui me fait penser à cela, bien sur, c'est ce qui se passe chez moi en ce moment. Ma femme à l'hôpital, urgences, inquiétudes, intervention décidée très vite, inquiétude pour le bébé. A côté de cela, gérer le quotidien, les enfants, le boulot, courir, se demander tout le temps comment on va gérer la journée suivante.
Et pourtant, pourtant... Pourtant la même litanie bizarre en moi "pourquoi je ne craque pas ? ".
Pourquoi moi, que l'on pourrait qualifier de fragile finalement, arrive à tenir dans ce genre de situation où tout se complique et s'additionne ?
Peut être qu'à force d'avoir peur de tout, de douter de tout, développe-t-on une sorte de "tolérance" à l'anxiété, aux passes difficiles ? Peut être ceux qui ne doutent jamais ne sont pas préparés finalement aux événements difficiles ?
En attendant, je tiens. Je me surprends à tenir. En espérant ne pas craquer plus tard. Mais plus tard, on verra bien...