16.9.05

Fuck compassion

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C'est d'abord un constat tout simple et froid : depuis que ma femme est hospitalisée, personne, absolument personne n'est venu me rendre visite.
C'est vrai que ça ne pose pas de problème, non, aucun. Je bosse. Je m'occupe des enfants. Je fais des allers-retours avec l'hôpital. Il est flagrant que je n'ai besoin d'aucune aide, d'aucune sorte. Non, tiens, c'est facile.
C'est vrai que dans le post précédent, je m'étonnais de tenir. Je tiens, plutôt bien dans la galère actuelle. Mais quand même. Passé les premiers jours où l'inquiétude était tellement forte que la réaction des autres passait au soixante-douzième plan, maintenant cette absence devient trop voyante pour que je ne la remarque pas.
Je gère donc. Tout seul.
Bien sur, au téléphone, les propositions "polies" : "si jamais, vraiment , tu es embêté, n'hésite pas.". Mais bon, les mêmes ces dernières semaines n'hésitaient pas à venir chez moi passer prendre un verre ou discuter (ce qui me faisait plaisir) et bizaremment, là, ben, personne n'est venu cette semaine, c'est dingue hein.

Oui je suis en rogne. Non je ne veux pas qu'on nous prenne en pitié. On s'en sort et on surmontera cette épreuve là avec ma femme et mes enfants. Mais, oui, au fond, sans me l'avouer, j'espèrais un peu plus de compassion. Un peu plus de mots. De coups de fil. De visites. De soutien quoi tout bêtement.

Idem au travail.
Ma collègue qui pose un RTT mardi, jour où ma femme serait sortante de l'hôpital. Sachant que ma collègue et moi gérons à deux notre boulot, sachant que si elle n'est pas là tout m'est dévolu, sachant que si je suis tout seul, il est hors de question que je puisse m'absenter sans subir les foudres de mes supérieurs. Voilà. Elle le sait. Mais bon. Faux semblants. Non dits. Moi qui tente un "Au fait, tu avais prévu de prendre ton mardi ?". "Ah oui ? Mon mardi. Oui. Ben oui, j'ai prévu des choses".
Ah ouais. Ok. Moi j'ai juste besoin d'aller chercher ma femme à l'hôpital. Juste besoin d'être là à son retour à la maison parce que je pense qu'elle ne pourra pas se débrouiller seule dans un premier temps. Mais bon. Pas grave. Je gère, on disait ?

Une autre collègue aussi hier, des mots qui font mal. Même pas dit en face. Ragots toujours. Parce que j'ai choisi de ne pas m'absenter du travail pour le moment, pas prendre de congés, parce que je fonctionne par rendez vous et si je m'absente, ça fout un bordel pas possible dans le planning. Je me suis dit que je pouvais arriver à gérer travail et hôpital. Au prix d'un planning de fou, aller retour constants, mais bon, ca tient. Ok, je suis moins présent sur le lieu de travail, mais c'était ça ou l'arrêt complet.
Bref, pour moi, ça collait. Sauf qu'une collègue aurait dit "Ah ouais, il fait ça ? Mais c'est pas permis tout ça. Si il lui arrive un accident sur le trajet, c'est pas normal.". Ouais. Compassion toujours.

Et pareil, tout à l'heure, alors que je sors du service en courant récupérer mes gamins à l'école, un des supérieurs qui me dit avec un sourire "ah, tu quittes déjà ? C'est cool tout ça". Ben oui, pauvre con, je m'amuse, ça se voit pas ?


Voilà. Tout ça mélangé, on peut comprendre que l'absence d'aide se fait cruellement sentir. D'ailleurs je sais même pas si j'aurai vraiment accepté toutes les aides. Mais se savoir soutenu, ça compte. Vraiment. Les coups de fils, les visites, j'avoue que ça m'aurait aidé. Et je ne pensais même pas que ça pouvait compter autant. Tant pis. On fera sans.
Mais là, je me sens tout seul.

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"La caractéristique principale d'un ami est sa capacité à vous décevoir."[Pierre Desproges]

1 Comments:

At 8:18 PM, Anonymous Anonyme said...

c'est hallucinant la connerie de tes collègues ! (pardon d'être vulgaire)
Et puis les amis... bah ça ne m'étonne pas ; après tout, il y a très peu de personnes sur lesquelles on peut vraiment compter en toutes circonstances.
bon courage en tous cas (c'est sincère:)

 

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