23.9.06

Un espoir

L'important, c'est de garder l'espoir.
Nager. Encore un peu plus. Encore cinq minutes de plus.
Parce que peut être qu'après la prochaine vague, après le prochain rouleau, peut être l'espoir d'une côte, d'une ile ou de n'importe quel bout de radeau.
Tenir. Encore. Tenir encore un petit peu. Pour vivre encore un petit peu.

J'ai l'impression d'être quelque fois ce naufragé perdu au milieu de tout avec comme seul boussole et comme seul force, l'Espoir.
L'espoir qu'il y aura quelque chose après, l'espoir que tout n'est pas completement perdu.
Je nage, je nage encore, j'essaie de garder la tête hors des vagues, j'essaie de respirer encore, mais c'est comme si au bout d'un moment, on sentait le froid qui engourdissait les membres.
Le froid, la fatigue, la lassitude qui vous souffle à l'oreille les perniceuses phrases "abadonne", "allons, il n'y a plus d'espoir maintenant", "laisse toi allez".
Mais lutter, encore lutter contre ces petites voix qui veulent vous voir sombrer.

S'en tenir à l'espoir que malgré la tempête, malgré les rouleaux, malgré toute cette eau acre et salée qui vous rentre dans le nez et la bouche, vous empêche de respirer, vous suffoque, s'en tenir à l'idée folle que non, rien n'est perdu.
Encore une minute, une petite minute, tenir.

Parce que je sais que si je lâche prise, je ne remonterai pas de ce fond qui m'attire. Parce qu'au fond rodent d'étranges créatures et de noirs souvenirs. Toutes ces choses refoulées, mises de côtés, faussement oubliées qui n'attendent qu'une faiblesse pour vous happer.
Alors, tenir. Encore un peu.

Parce que le jour arrive. Parce que malgré les douleurs, malgré les muscles endoloris, parce que malgré tout, je suis vivant.
Parce que finalement, rien ne sert de se demander "pourquoi". Pourquoi nager encore, pourquoi vouloir tenir encore à tout prix. Se demander "pourquoi", c'est aussi trouver des raisons pour tout lâcher. Alors ne pas se questionner, mais avancer.
Un instant de plus, rien qu'un souffle de plus est une victoire.

Quelque fois je me sens comme un naufragé perdu au milieu de l'océan.
Mais je tiens bon.
Parce que la côte que je cherche à atteindre est dans ma tête. Là, exactement ici. Parce que cet Eldorado est fait de tous mes espoirs réunis, les plus fous comme les plus sérieux.
La côte que je voudrais atteindre est tout près, mais si loin. Tellement loin de moi.

Et pendant ce temps, les voix sous marines du passé me tirent par le pied et me font suffoquer encore.

Mais je tiendrais.
Encore un instant, un souffle, un espoir.