18.1.06

Nosce Te Ipsum

Il y a des semaines que je ne suis pas passé ici.
Je ne me pose pas trop la question de savoir si j'ai écrit depuis longtemps ou pas longtemps, j'écris quand vient l'envie. Et je n'avais pas grand chose finalement à partager ici ces derniers temps. Pas qu'ils soient tristes, ces derniers temps , non. Au contraire même.
Je m'apercois cependant que ce blog n'est souvent qu'un exutoire aux choses tristes de ma vie, aux évenements difficiles. C'est ici que je livre ce que je ne livre pas ailleurs. Par pudeur. Par impossibilité.
Je l'ai déjà dit et j'en ai conscience de façon de plus en plus aigüe, je ne sais pas parler de moi. Je veux dire : dans la vraie vie. Ce n'est pas consciemment, par refus. Mais par un espèce de blocage qui fait que j'ai souvent l'esprit complètement vide, blanc quand le moment où je pourrais me confier arrive. Je ne trouve plus les mots, même plus les idées. Je deviens vide.
C'est pour cela que j'ai souvent cette impression de renvoyer une image vide et inepte de moi-même aux autres : avec mes proches, je ne suis à l'aise que pour le superficiel. La conversation vraie, celle qui vient des tripes, j'en suis incapable. Alors il y a les gestes : les cadeaux, les petites attentions, toutes ces choses qui permettent à l'autre de comprendre l'affection qu'on lui porte. Mais qui ne remplace pas tout.
Et puis surtout, cette impossibilité à me dire. Que je ne comprends décidemment pas.
Même si ce blog n'apparait pas comme extraordinairement impudique, il est pour moi quasimment un exploit par rapport à ce que je peux livrer de moi à l'extérieur.

Le problème, si problème il y a, j'en ai pris conscience ce Week end. Avec des amis et ma femme. Pour une discussion banale, je lâche un "moi je ne pourrais pas, j'ai horreur des conflits".
Et ma femme me regarde étonnée : "Ah bon ? Je ne savais pas, ça ? Heureusement qu'on discute quelques fois tous ensemble pour apprendre des choses sur toi !!!"

Et là, je réalise. Que moi je me suis fait 100 000 fois cette remarque, "j'ai horreur des conflits", mais que jamais, jamais, jamais, je ne l'ai partagée avec personne.
Et qu'à force de garder des choses pour moi, d'y penser et de les ressasser, elles m'apparaissent tellement évidentes, tellement dites et redites (alors que seulement pensées), à force de cela, je garde tout pour moi en considérant que c'est une évidence....
En fait, j'ai toujours l'esprit en alerte, je réfléchis toujours à plein de choses sur moi, les autres, nos rapports, etc, etc... Comme on dit un peu bêtement, j'ai une vie intérieure très riche !
Mais je ne sais pas la faire partager. Et pire, ce que je ressasse m'apparait alors comme tellement évident que je ne le dis plus aux autres et le considère comme acquis....

Voilà ce dont j'ai pris conscience sur un tout petit (non) évenement. Que tout simplement les autres ne lisent pas dans mes pensées et que si je ne fais pas, moi, l'effort de me livrer d'avantage, je resterai un inconnu aux yeux de ceux qui me sont chers.

3 Comments:

At 10:42 PM, Anonymous Anonyme said...

A part ton épouse, pour les autres, au moins ils en savent, au mieux c'est, crois en mon expérience en la matière... J'ai le problème opposé au tien: j'ai tendance à me livrer trop facilement quand je suis en tête à tête avec quelqu'un. Tu peux être certain que les gens profitent dès qu'ils en ont l'occasion de savoir certaines choses sur toi.

 
At 2:27 PM, Anonymous Anonyme said...

hu hu hu :) phrase entendue mille fois pour moi :"non, tu ne me l'as pas dit ça!" Et moi "ah bon, parce que ça fait des jours que j'y pense (éventuellement, que j'y repense et le ressasse dans tous les sens)" Du coup, on croit l'avoir dit, et puis non. A moins que ce ne soit parce que je noie vite les gens dans le verbiage et qu'ils ratent ainsi la seule info du jour.
Ceci dit, au moins tu t'en rends compte, le pas suivant serait peut-être de décider ce que tu peux dire et ce que tu préfères garder consciemment pour toi.

 
At 4:20 PM, Blogger remboy said...

William : oui je n'avais pas pensé au problème inverse. C'est à dire qu'il faut savoir se confier un minimum mais pas trop...Argh, difficile.
Lirriel : merci de me rassurer sur le fait que je ne suis pas le seul perdu entre ce qu'il a pensé et ce qu'il a pu dire

 

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