25.1.06

Flash Back

Ce qui est terrible avec la mémoire, c'est qu'elle ne se tait jamais. C'est que les choses gravées restent gravées.
Ce n'est pas tellement qu'il faudrait parfois oublier, mais qu'il faudrait parfois savoir se souvenir sans avoir mal. Le souvenir sans la douleur. Malheureusement, les mauvais souvenirs ne remontent jamais seuls, l'émotion est toujours collée à eux.

J'ai des flashs, des souvenirs de la séparation de mes parents. Qui reviennent quelques fois, par hasard ou non.
J'aimerai pouvoir m'en souvenir sans me prendre en pleine tête toutes les émotions qui remontent. C'est comme si toute la peur vécue enfant à ces moments remontait intacte. Comme si moi l'adulte, je ressentais encore 30 ans après ce qu'avait ressenti l'enfant.

Souvenirs en vrac pour émotions brutes.

Mon père qui frappe à la porte un soir de Noël et dépose nos cadeaux avant de repartir. Pas de mots. Le silence de ma mère. L'ambiance lourde. Terrible. Je comprends soudain que Noël n'est pas toujours joli.
Depuis combien de temps déjà était il parti, je ne m'en souviens plus.

Souvenir vague de ma mère qui vient de tirer dans le mur avec un pistolet.
Elle pleure.
Une femme, une amie, je ne sais plus, essaie de la raisonner.
Je ne sais rien d'autre de ce qui s'est passé.
Je n'en ai jamais parlé à ma mère.

Souvenir de ma mère alcolisée. Surement dans les mêmes périodes.

Souvenir du déménagement, en catastrophe. Tout quitter, s'entasser dans le camion. Pour finir hébergé chez une tante, ma mère, ma soeur et moi, dans la même chambre, les meubles dans le garage.
Souvenir de mon hospîtalisation, un mois, presque en même temps. Encore une rupture, encore la sensation d'être abandonné. Mes pleurs, mes peurs. Tout seul.

Souvenir du premier appartement à nous trois. Quartier sinistre. HLM délabré. Chez nous. Ma mère qui prend des ménages. Qui rentre tard le soir. Moi qui la guette des heures derrière les fenêtres la peur au ventre. Si quelque chose lui arrivait, on serait tous seuls...

Souvenirs, oui, mais surtout émotions. Toujours là, brutes, idem à ce qu'elles étaient il y a trente ans. Rien d'exorcisé. Rien de réglé.

Ce qui est terrible avec la mémoire, c'est qu'on ne peut pas lui demander d'oublier...