25.2.06

Bien Sur

Mon beau père est décédé dans la nuit de mardi.
Que dire de plus ?

Bien sur, dans ces cas là, il y a toujours la culpabilité, les regrets. Les "Je ne lui ai pas dit", les "je n'aurai jamais du lui dire", les "je n'ai pas eu le temps de", les "j'aurai du".
Moi aussi, j'aurai du..Beaucoup plus.
Moi aussi, je n'aurai pas du... Beaucoup moins.
Il est trop tard, et on a beau savoir que le temps perdu ne se rattrape jamais, quand le constat vous tombe dessus brutalement, cela fait toujours mal.

Bien sur, il y a les souvenirs. Les petits et les grands.
Bizarrement, c'est beaucoup plus les petits qui resurgissent. Les petites choses ou habitudes auxquelles on ne prêtaient pas attention mais qui résument beaucoup plus la personne que les grands souvenirs.
C'est un petit air d'accordéon un soir au fond du jardin.
C'est un livre de peinture ouvert devant moi.
C'est le casque stéréo vissé sur les oreilles pendant la sacro sainte émission "Thalassa"
C'est la grande tappe dans le dos à mon arrivée.
C'est cette façon de poursuivre son idée jusqu'au bout et d'empêcher l'autre de donner son avis.
C'est son petit sourire satisfait quand toute la famille était réunie autour de lui.
C'est les regards. Les gestes.
Ce sont toutes les choses qui ne reviendront plus.

Bien sur, c'est triste.
Etrangement, je garde tous les sentiments à distance. Je ne ressens pas. C'est étrange oui. Je suis comme spectateur de tout ce qui se passe autour de moi.
Je soutiens ma femme, la famille. Mais moi je ne ressens pas. Pas encore je crois. Je sens une sourde impression de tristesse tapie quelque part au fond, et je sais qu'elle est prête à se libérer, à fondre sur moi et à m'envahir.
Pour le moment, je réussis à la contenir au fond de moi. Mais pour combien de temps.

Bien sur il y a le temps.
Le seul qui sait effacer les chagrins.
Effacer le chagrin mais pas le manque.
Il y a des vides qu'on ne comblera jamais.