30.11.05

Autopilot On



Les jours passent, mais pas assez vite à mon sens : j'ai besoin de vacances et elles n'arrivent pas assez vite à mon goût (quinze longs jours encore...).
Je ressens le contrecoup des derniers mois tomber maintenant : les soucis de santé de ma femme, la naissance de la petite dernière, les nuits avec moins de sommeil... Et la fatigue accumulée.
Au travail, j'ai l'impression d'être sur pilote automatique. Je fais les choses sans grande passion, un peu mécaniquement. Je reçois les gens et je pense toujours arriver à les aider au final, quand même. Parce que les habitudes sont là, parce que j'ai des automatismes dans ma tête. Mais il manque l'envie ! C'est un peu dramatique car j'ai en face de moi beaucoup de détresse humaine et je me sens comme usé pour y répondre. Alors je culpabilise aussi d'être aussi indifférent à ceux en face de moi...
D'un autre côté, j'essaie de me dire que je ne suis pas Mère Thérésa et que je ne peux pas pleurer, compatir, me battre corps et âme avec toutes ces personnes, sinon c'est moi qui y laisserait ma peau au final. Mais ce côté très mécanique dans la façon d'accueillir les gens que j'ai en ce moment m'agace beaucoup.
J'ai peur aussi que ma lassitude ne se sente et pourtant, comme dit souvent un de mes collègues, il faut que l'accueil de chaque personne soit le même, même énergie, même sérieux, même entrain, que ce soit le premier ou le Xème de la journée. Notre attitude compte énormement dans l'aide que l'on peut apporter. Mais quelques fois, ça demande une énergie considérable...

Un de mes collègues nous annonce qu'il va partir. J'avoue que ça me fait un coup car il y avait une bonne entente entre nous. Il part car il ne se satisfait pas de ce qu'on lui donne à faire dans le service, et dans ses griefs, j'entend comme un écho des miens.
Le fait qu'il parte me donne à penser que je suis un peu couard, je ressasse les mêmes griefs depuis des années, et pourtant je suis toujours là. Lui, il ose franchir le pas. Il a bien raison. Mais pourtant, je me sens comme un peu abandonné... Encore un truc qui ne me donne pas forcemment la pêche pour aller bosser.

Les jours ne passent pas assez vite... Je rêve d'un long congé. Juste moi, ma famille. Envie d'être au calme, rien que nous. Envie de me retrouver face à l'ordinateur pour écrire, commencer un texte, long ou pas long, mais m'essayer vraiment à l'écriture. Et je ressens pour cela ce besoin de calme et de temps.

Avec une amie, il y a longtemps, nous étions en Auvergne. Elle aussi, comme moi, aime l'écriture, prose, poésie, débuts de romans... Nous avions l'habitude de discuter beaucoup là dessus.
Bref, en Auvergne, on tombe un jour, complètement par hasard, sur une grande batisse ancienne, et on est intrigué par la devanture : hotel, café, cercle littéraire. On y entre pour boire un verre et tous les deux, très étrangement, on ressent dès l'entrée comme un choc (on en a reparlé après et on a éprouvé les mêmes sensations étranges).
Une atmosphère particulière : grande salle avec des livres partout, des petites tables pour lire et boire une verre, une ambiance feutrée mais chaleureuse. Comme ces clubs un peu british mais sans le clinquant et le faux-luxe. Quelque chose de familial.
Le maître des lieux nous expliquait le fonctionnement, ce rendez vous des amoureux des livres, ces réunions du soir pour lire et échanger, ces chambres qu'il réservait à ceux qui voulaient être au calme et écrire.
Et tous les deux, on a eu cette impression très étrange de se dire "c'est là, c'est là que je veux être", quelque chose de très fort qui m'a fait venir les larmes aux yeux et elle aussi. Cette envie de tout lâcher quelques semaines pour être là, loin de tout et écrire, vider tout, lâcher tout, se retrouver. Cet endroit avait quelque chose d'un peu magique.
J'aimerai bien m'y trouver en ce moment...