12.7.05

A l'intérieur



Je relis mon entrée d'hier et je me dis que ces coups de cafards sont vraiment ridicules. Quand j'ai écrit hier, j'étais imprégné de toutes ces émotions et sensations liées à ce que j'écrivais : l'impression de médiocrité. Et c'est toujours pareil :
Autant intellectuellement, je suis tout à fait capable de raisonner et me dire "mais non ce n'est pas vrai, regarde ta vie, ce n'est pas comme ça !". De critiquer ce jugement. Autant émotionnellement, rien à faire, c'est irrationnel, je me sens comme submergé de cette sensation de médiocrité voire d'incompétence.
Comment cela peut il être séparé à ce point ??? Comment ce que j'éprouve peut il être aussi éloigné de ce que je raisonne ?
A vrai dire, tout ce qui est émotionnel est purement irrationnel. Il n'y a qu'à regarder les phobies : n'importe quel phobique pourra vous dire qu'une araignée ne le mangera jamais, qu'il n'y aucun risque. Autant s'il en croise une, il s'enfuiera en courant malgré ce qu'il sait...
Pour moi c'est idem. Je sais pertinement que j'ai réussi des choses dans ma vie (merci à L. pour le mail d'ailleurs à ce sujet), autant quand ce genre d'émotion me submerge, je ne suis plus capable de raisonner.
Je sens bien que cette sensation de médiocrité est tapie à l'intérieur de moi, prête à surgir. Au moindre petit accroc, au moindre petit loupé, à la moindre critique que d'autres prendraient par dessus la jambe, pour moi, l'émotion refait surface et envahit tout : si j'ai commis une toute petite faute, je suis forcemment nul. Si j'ai une toute petite remarque d'une personne, forcemment il me déteste...
Et là encore, en l'écrivant, je me rends compte de la connerie de mon raisonnement. Mais demain si ça recommence, je replonge...

Compliqué ce qu'il y a à l'intérieur. Oui.
Je me dis que l'absence d'un père, absence symbolique seulement car toujours vivant, peut être bien destructrice.
Si quelqu'un regardait ma vie avec un peu de distance, surtout mon enfance et adolescence, il n'y verrait rien de particulier : enfance tranquille, adolescence tranquille.
Alors que moi, et surtout l'adolescence, cela reste le souvenir d'une période noire, pénible, de remises en questions, de doutes. Quelque chose qui est toujours là en moi et qui ne me lâche pas. Curieux comme des vies sans histoires apparentes peuvent être compliquées...
Ce serait déplacé de me plaindre, moi qui n'ai connu aucune "grande" peine, rien, pas de maltraitance, pas de morts en séries, pas de souvenirs traumatiques... Mais pourtant, quelque chose qui s'est mal passé et qui laisse des séquelles.

J'aimerai bien voir plus clair à l'intérieur, oui. On va dire que j'allume sur ce journal une petite lueur en espèrant qu'elle deviendra une grande lumière dans cette obscurité.