8.7.05

Dream

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Quand j'étais petit, je faisais souvent ce rêve que, en me promenant, je trouvais, quelque part (l'endroit variait), une sorte de médaillon qui m'amenait plein de pouvoirs magiques. C'était aussi bien un rêve que je faisais dans mon sommeil qu'éveillé, avant de m'endormir. Dans ce dernier cas, je soignais particulièrement le scénario pour que tout ce qui avait pu mal se passer dans la journée soit gommé dans le rêve par mes pouvoirs magiques.... Je prenais ma revanche onirique et c'était bien agréable.
Je me dis, finalement, que ce petit quart d'heure que je m'accordais souvent au moment du coucher, m'aidait à me sentir plus fort, à me sentir vainqueur tout de même de ces moments où j'aurais du, il aurait fallu, où je n'ai pas pu... Maintenant adulte, je ne m'accroche plus de la même façon à ce rêve, et il me faut vivre alors avec les remords et les regrets, sans rien pour les adoucir ou les atténuer.

C'est quelques fois con de grandir et de ne plus croire à ses rêves... Perdre ses rêves, c'est quelque chose de terrible finalement. Même s'il ne faut pas vivre à 100% dans un imaginaire, préserver une petite part de magie, de croyance quelque part permet d'être plus fort.
Lorsque tout va mal, lorsque tout s'effondre, il vous reste alors toujours ce petit monde intérieur, rien qu'à vous, bien secret, bien chaud, au fond duquel vous pouvez vous réfugier. Ce petit monde où personne n'a accès. Ce petit monde où vous vous pouvez vous dire que les coups du sorts peuvent continuer à pleuvoir, que ce n'est pas grave car vous avez un endroit où vous êtes bien.
Peut être que les rescapés, ceux qui arrivent à errer des jours dans le désert sans succomber, les rescapés des camps ou d'autres exterminations, peut être qu'ils avaient ce petit monde au fond d'eux où se recroqueviller en attendant que l'orage passe. Parce que, dans les situations extrêmes, ce ne sont plus les muscles qui comptent, mais la force psychologique. C'est elle qui permet de survivre. Et n'avoir plus d'imaginaire, être confronté à l'horreur crue et dure, c'est insoutenable. Intenable.
C'est important d'avoir encore cette part d'imaginaire. Dans les pires situations, c'est ce qui fait la différence. Ce qui permet de s'échapper. Un peu.
J'avais lu un bouquin de Boris Cyrulnik qui disait la même chose et j'en suis persuadé également. Je me souvient qu'il y avait le témoignage d'une rescapé des camps qui disait (en gros) : "il y en avait une. Elle disait plein de poèmes. On essayait toujours de se retrouver à côté d'elle".
Ce serait bien d'aider à cultiver cela adulte. Ecrire, c'est une façon de le faire, je pense. S'inventer des univers virtuels, le temps de l'écriture d'un livre. Le théatre, les poèmes, les dessins, la musique... Finalement peut importe, mais ils permettent toujours d'avoir accès à cette part d'imaginaire en nous, de sensibilité, cette part qu'on ne peut mettre en mots logiques et bien construits, mais seulement en émotions subtiles...
C'est dommage, maintenant que je suis adulte, la plupart du temps, quand je me réveille, je suis incapable de savoir de quoi j'ai rêvé. Aucun souvenirs. Rien.

Mais, je reste persuadé que les rêves peuvent nous aider à être plus fort.
J'aurai aimé ne pas les perdre...