5.12.06

J'écris

Même après l'avoir cotoyé longtemps, ce n'est pas facile. Je n'ai pas le secret, je n'ai pas les mots, je n'ai pas les gestes magiques qui apaisent.
Pourtant je connais bien son visage, pourtant je connais bien ses dégats, ses ravages, ses pleurs et ses douleurs. Là où d'habitude les yeux se baissent par pudeur, je dois être là. Là où d'habitude, les mots ne servent plus à rien, je dois les trouver.

La mort, oui, malheureusement, fait souvent partie de mon quotidien. Mais à chaque fois, la situation est nouvelle, à chaque fois la détresse en face de moi est nouvelle aussi. Je ne suis pas plus préparé que la fois précédente.
Parce qu'il n'y a pas de mot ou d'attitude appropriés en toute circonstance.
Parce que pour apaiser la douleur de l'autre, il faut chercher tout au fond de soi la sincérité, l'empathie, les sentiments vrais. Mais que cela coûte énormement. De force, d'énergie.
Parce qu'on ne peut pas être simplement spectateur. Parce qu'on en prend plein la gueule et plein le coeur de toute façon.

Parce que lorsqu'il s'agit d'un enfant, ça ne peut que faire écho à ce qu'on vit en tant que père. Qu'on ne peut s'empêcher de se mettre à la place du parent qui pleure.

Même après l'avoir cotoyé longtemps, je ne sais pas apaiser les ravages qu'elle peut faire. Mais bizarrement, je commence quand même à la connaitre. Comme si elle était un peu familière et que d'une certaine façon, elle me faisait moins peur.

Mais ce soir, plus que d'autres soirs, la résonnance en moi a été plus forte. Plus que d'autres soirs, je me sens vidé de toute l'énergie qu'il a fallu donner pour accompagner et soutenir. Je ne sais pour quelle raison, ce qui s'est passé aujourd'hui m'a touché de plein fouet, beaucoup plus que d'autres jours.
Maintenant il faut évacuer, évacuer à tout prix. Je me connecte, je me retrouve ici.
J'écris.