11.4.05

Brief Instant Despair

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Depuis quelques jours, pour mille et un petits et grands événements trop long à détailler ici, j'ai au ventre cette sensation tenace qui ne me lâche pas.
Celle d'avoir raté quelque chose, celle d'être un raté tout court.

Surtout professionnellement. L'angoisse latente et permanente de ne pas être à la hauteur. Et devant l'attente des autres, les mots gentils, la sensation de duper constamment mon monde sur mes compétences. L'angoisse d'être découvert comme je me sens moi même : dans toute la nullité intégrale que je sens au fond de moi.

J'avoue bien connaître cette sensation lancinante, car périodiquement j'en passe par des périodes comme ça où je doute de tout, surtout de moi.
C'est bizarre comme intellectuellement, je sais dire que c'est faux, que je vaut mieux que ça, que je sais faire telle ou telle ou chose.
Alors qu'émotionnellement, la sensation reste tenaillée à mon ventre, indélogeable par mes raisonnements, mes réflexions...

Et lorsque c'est comme ça, ma parano se met en route sur le mode turbo et c'en est épuisant. Je scrute tout regarde, décortique tout commentaire, analyse toute réaction. "Pourquoi elle m'a dit ça comme ça", "pourquoi il a fait cette blague là ?"... Tout le temps, toute la journée.
Comme j'ai au fond de moi la certitude d'être nul à ce que je fais, je redoute le regard, la phrase me faisant penser que l'autre s'en aperçoit...

Le pire, c'est qu'en écrivant tout ça ce soir, je me rends compte de la bêtise de mes pensées, j'arrive à en prendre du recul. Mais quand cette sensation est là, je ne peux pas l'enlever. Je parle de sensation parce que c'est quasi physique. C'est une sensation que je sais reconnaître entre mille, une sorte de boule, de tension, avec quelque chose de lancinant. Très physique donc, avec l'impression d'une petite voix qui répète constamment les mêmes choses...
On dit que l'Estime de Soi a rapport avec l'Amour qu'ont porté ses parents. Est-ce là la clef du mystère ? Ai je manqué d'Amour ?
Je sais que ma mère me portait un très grand amour. Je me rends compte aussi maintenant qu'il était maladroit car en même temps, trop dit et non dit. Trop dit dans les mots, et finalement peu dans l'intérêt qu'elle a pu porter à ce que j'aimais ou qui j'étais. Je sais aussi que ma mère a été élévé par des parents aimants, certes, mais très froids et très rigides dans leurs attitudes. Je ne la blâmerai donc pas.
Quant à mon père, sa "fuite" à mes sept ans a sûrement contribué à entretenir cette pauvre estime que j'ai de moi même. Pourquoi serait il parti s'il m'aimait vraiment ? Je suis persuadé que c'est une question que j'ai du me poser à un moment ou à un autre de ma jeunesse. Et surtout, par la suite, la même question qui se poursuit : devant le désintérêt de mon père, la même peur de ne pas être aimé, la même peur de ne pas avoir été à la hauteur de ses espérances (qu'il n'avait sans doute pas d'ailleurs pour moi).

Voilà le vrai problème. Je porte en fardeau les mêmes peurs et les mêmes terreurs que j'avais à mes sept ans. Comme tout à l'heure je pourrais dire : intellectuellement j'ai grandi et compris plein de choses. Emotionnellement, rien n'a changé et c'est comme si les mêmes émotions étaient toujours là à fleur de peau, prêtes à resurgir et faire leur travail de sape.
C'est con le passé des fois.

Je me souviens d'une phrase dans un livre de Cyrulnik :
"Le plus dur dans la vie, c'est qu'on ne peut pas changer de mémoire..."

3 Comments:

At 2:52 PM, Anonymous Anonyme said...

Tu sais je crois que nous somes des oignons: on ne fait que surajouter des couches au noyau enfantin. Et ce putain de noyau est toujours là...

 
At 3:31 PM, Anonymous Anonyme said...

... à moins que tu ne sois un nul pour de vrai? tu y as pensé à ça?...

c'est pour riiiire...je t'envoie un mail plus long.. bizz

 
At 3:32 PM, Anonymous Anonyme said...

c'était Tuna.

 

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