28.3.05

Peur



J'ai l'impression d'avoir grandi.
Je l'ai dit un peu dans le post précédent, mais cette pensée m'accompagne depuis quelques semaines.
Comme si j'étais vraiment devenu un homme, maintenant, à 34 ans... Bizarre. Quand je me retourne, finalement, ce qui reste, de toute ces années, c'est la peur. La peur partout. La peur tout le temps.
C'est difficile à expliquer ça, cette sensation tenaillée au ventre, aux trippes. Cette sensation qu'on y arrivera pas, que quelque chose va mal se passer
La peur toujours là ...

Quand je repense, je me dis que, étant petits, on a été élevés tout seuls avec ma soeur et ma mère. Mon père était parti quasi du jour au lendemain. Ma mère s'est retrouvée sans ressource, sans rien, dans une région qu'elle ne connaissait pas.
Elle a retrouvé du boulot, trimer à faire des ménages... Cette peur, oui, je l'ai souvent senti étant jeune. Je crois que ma mère me l'a filé très tôt.
Pendant tout cette partie de sa vie, ma mère a du avoir la trouille. La trouille de ne pas avoir assez pour nous nourrir. La trouille de ce qui pourrait se passer s'il elle n'était plus là .
Je crois qu'on a senti tout ça. Très fort. Je crois par tous les pores de notre peau.
Et moi, je ressentais très fort la peur de ne plus avoir ma mère, de devoir devenir "le chef" de famille, cette pression implicite. Je me souviens de soirées entières à avoir peur car ma mère rentrait plus tard du travail, à la guettait derrière la fenêtre, penser à l'accident, pleurer presque....
Et puis aussi peut être la peur de ne pas être à la hauteur, la peur de ne pas savoir soulager la douleur de ma mère...

La peur m'a accompagné lontgtemps. Et cette peur qui avait trouvé refuge en moi a profité d'être là pour rejaillir sur tout par la suite.
L'adolescence, surtout. Peur d'aller vers les autres, peur de nouer contact, peur, peur, peur...

Je ne sais pas bizarrement comment je l'ai laissé tomber. Disons que je lui ai appris à se taire plutot. Elle est toujours là . Je le sais, je sens cette sensation familière de tressaillement dans l'estomac : l'angoisse ! Mais j'arrive à contrôler d'avantage et à raisonner avec mon cerveau plutôt qu'avec la peur.
Elle qui a conditionné mes choix et m'a pousser à fuir à maintes occasions (bizarre tiens, comme mon père...), maintenant je sais faire la sourde oreille à ses suggestions.

J'ai grandi. Pas complètement. Je pense que j'ai encore de belles choses à apprendre.

Mais ce sera le sujet d'un autre post...